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Etude française : risque de cancer et SEP
Les études menées sur le risque de cancer chez les personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP) sont contradictoires. Certaines études concluent à un risque identique, d’autres moindre, et d’autres à un risque plus important.
L’objectif de cette étude était donc de comparer le risque de cancer entre les personnes atteintes de SEP et un échantillon apparié de la population générale française.
Pour cette étude, l’équipe du Pr Emmanuelle Leray a utilisé les données de la base de données administrative nationale des soins de santé (couverture de 99 % de la population française) pour déterminer le délai jusqu'au premier cancer entre 2012 et 2021.
Les personnes atteintes de sclérose en plaques ont été identifiées en utilisant leur statut d'affection de longue durée (ALD), leurs hospitalisations et leurs remboursements de médicaments spécifiques à la sclérose en plaques (SEP). La population témoin a été appariée sur l'âge, le sexe, la résidence, le régime d'assurance et la date d'entrée dans la cohorte. Les participants ont été inclus s'ils n'avaient pas d'antécédents de cancer au cours des 3 années précédant l'inclusion. Les patients atteints de cancer ont été identifiés par le statut d'ALD, les hospitalisations, la chimiothérapie, la radiothérapie ou les remboursements de médicaments spécifiques au cancer de la prostate. La participation au dépistage du cancer dans le cadre des 3 programmes nationaux (sein, colorectal et cervical) a été comparée entre les groupes.
L’étude a permis de comparer 140 649 personnes atteintes de SEP à 562 596 témoins.
Une légère augmentation globale du risque a été observée pour les personnes atteintes de SEP, principalement chez les femmes. Le risque chez les personnes atteintes de SEP variait selon les types de cancer : il était plus faible pour le cancer de la prostate, du sein et colorectal, mais plus élevé pour le cancer de la vessie, du cerveau et du col de l'utérus. Le risque de cancer était plus élevé chez les personnes atteintes de SEP de moins de 55 ans mais diminuait chez celles de 65 ans et plus. Cette tendance a été observée dans toutes les localisations du cancer.
Par ailleurs, les résultats montrent que les personnes atteintes de sclérose en plaques ayant subi un dépistage étaient moins nombreuses que les témoins (tous programmes confondus), avec une différence particulièrement prononcée chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
Les auteurs concluent que le risque de cancer est légèrement plus élevé chez les personnes atteintes de SEP, en particulier pour les cancers urogénitaux, probablement en raison d'un biais de surveillance. Le risque fluctue en fonction de l'âge, peut-être en raison d’une négligence du diagnostic chez les personnes atteintes de sclérose en plaques plus âgées et de facteurs de risque.
En conclusion, la prévention et le dépistage sont des points clés dans la prise en charge des cancers chez les personnes atteintes de sclérose en plaques.
Cancer risk among patients with Multiple Sclerosis: a 10-year nationwide retrospective cohort study
Chloé Pierret, Aurélien Mulliez, Christine Le Bihan-Benjamin, Xavier Moisset, Philippe-Jean Bousquet, Emmanuelle Leray, France. Neurology, novembre 2024